Détails produit
Goyescas
6.Epilogo, Serenata del Espectro
Seis Piezas Sobre
Cantos Populares Españoles Prelude
9.Vascongada
10. Marcha oriental
11. Zambra
12. Zapateado
Total time : 66’35 »
Recorded at Javols church (Lozère, France), from 11 to 14th September 2012.
Artistic direction: Maurice Bourbon, Jean-Marc Laisné
Recording, Editing and mastering : Jean-Marc Laisné
Graphic conception : marc-guerra.com
Pictures : Nima Yeganefar
Rights reserved for all pictures.
Our special thanks to M. Malavieille, mayor of Javols, and to the hostel Le Regimbal for the quality of their hospitality.
Producer : L’homme armé éditions
La Chapelle des Flandres
Distribution : Codaex
Translation : Marcia Hadjimarkos
AR RE-SE 2014-3
Bach…
Toute sa vie, le compositeur Johann-Sebastian Bach, également instrumentiste virtuose (clavecin,orgue, violon), a pesté contre les mauvais instruments et les piètres interprètes, et était en perpétuelle quête de talents. Il demande au ténor du chœur de remplacer le premier violon défaillant, mais il manque ensuite de ténors.
On le voit à dix-huit ans sortir son épée dans la rue pour se défendre d’un bassoniste exécrable qu’il a traité de « vieille chèvre » à la répétition, et qui l’attend dans la rue avec un bâton… A trois ans de sa mort, reçu par Frédéric II, il se précipite vers les pianoforte de Silbermann, conquis par leurs possibilités, sur lesquels il improvise de magnifiques fugues sur des thèmes qu’on lui donne dans l’instant, et qui donneront naissance à l’Offrande musicale. On peut donc aisément imaginer Bach découvrant l’accordéon et ses immenses possibilités : sa dynamique souple et sans limites, en prise directe avec le soufflet, propre à restituer toutes les dynamiques et les moindres phrasés, telle une voix humaine, ses registres, comparables à ceux de l’orgue, la virtuosité qu’il permet, avec sa palette de boutons sophistiquée, et son extrême maniabilité, celle d’un orgue portatif. Il aurait bien sûr aussi entrevu ses limites, induites par une dynamique égale main droite/main gauche, mais aurait deviné que celle-ci pouvait être compensée par l’habileté de l’interprète. Le sanguin Bach aurait donc peut-être poussé un peu Bogdan Nesterenko pour prendre sa place et essayer cet incroyable nouvel instrument. Mais malgré ses dons prodigieux, il l’aurait sans doute vite rendu à son propriétaire, après avoir constaté l’extrême difficulté et la spécificité de la pratique ! Les heureux hasards de la vie m’ont mis en contact avec Juliette de Massy, dont j’ai eu le privilège de guider les premiers pas de soprano, et l’accordéoniste Bogdan Nesterenko.
C’est donc tout naturellement que l’idée m’est venue de réunir ces deux jeunes talents uniques dans l’ambitieux projet Comme un air de passions…
Maurice Bourbon
La presse en parle !
« Ce disque enregistré en 1995 et qui ressort sous une nouvelle présentation était relativement passé inaperçu lors de sa parution. Pourtant, la pianiste Lydia Jardon, lauréate de la Fondation Cziffra et du concours Milosz Magin, interprète avec flamme les six Goyescas et les Six pièces sur des chants populaires espagnols de Granados composées autour des années 1910. Sous ses doigts, le flamboiement des couleurs, le dessin mélodique gravé à la pointe sèche prennent un relief saisissant (Fandango de candil). Elle parvient, avec un art consommé de la sensualité et du drame, à dégager toute la sève hispanique contenue dans ces oeuvres (Zapateado). Son engagement ne gêne en rien sa capacité à respecter la vigueur rythmique (Epilogo, Serenata del espectro) et les registres de nuances voulus par le compositeur (Los requiebros, El Amor y la Muerte). Un enregistrement assez analytique apporte immédiateté et clarté sonores sans nuire toutefois aux intentions musicales de la soliste. Les états les plus divers de la comédie humaine qu’expriment les toiles de Goya prennent une dimension tour à tour caustique, passionnée, mais avec une retenue stylistique apprise auprès de ses maîtres Milosz Magin et Hüseyin Sermet. Lydia Jardon, d’origine catalane, parle la langue de Granados et se meut avec beaucoup d’aisance dans cet univers au lyrisme très personnel. Elle ne cherche pas à imiter les Goyescas légendaires de Larrocha, ni l’austérité de Ciccolini ou les excès d’imagination de Luisada, la retenue de Del Pueyo ou la poésie impressionniste d’Achucarro dans ces mêmes pages. Son énergie vif-argent est toujours tempérée par une noblesse de ton qui se refuse au pathos et par là même rend ce disque captivant. »
Janvier 2001, Michel Le Naour
« Enregistré en 1995, ce disque paraît seulement aujourd’hui, faisant suite à une excellente interprétation par la pianiste de la Sonate no 2 de Rachmaninov. On retrouve avec plaisir la souplesse et la beauté de son jeu dans un répertoire où dominent les interprètes masculins, à l’exception de l’incontournable Alicia de Larrocha. Et c’est bien à elle que l’on songe en écoutant Lydia Jardon, dont les Goyescas respirent des parfums comparables. Chaque pièce est abordée dans un climat différent, parfois davantage dans un esprit fauréen que dans celui d’une pure et futile recomposition du folklore espagnol. Quejas o la Maja y el Ruisenõr équilibre le lyrisme et la confidence et la narration de l’épilogue, la Serenata del Espectro est parfaitement maîtrisée. Les six (sept avec le prélude) Pièces sur des chants populaires espagnols sont un complément intelligent au raffinement des Goyescas : les danses sont à la fois rustiques, brillantes et sans arrière-pensées. Interprétées comme tels, avec d’ailleurs une prise de son plus valorisante, elles montrent deux aspects de la musique de Granados, considéré parfois à tort comme un épigone d’Albeniz. Peut-être Lydia Jardon continuera-t-elle à explorer la musique hispanique, et pourquoi pas sud-américaine ? Ce répertoire lui va à merveille. »
Décembre 2000, Stéphane Friédérich