Irina Muresanu – Dana Ciocarlie

Guillaume Lekeu
Albéric Magnard

Sonates pour violon

Irina Muresanu, piano
Dana Ciocarlie, violon

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Détails produit

Guillaume Lekeu
Sonate en sol
1.Très modéré – Vif et passionné
2. Très lent
3. Très animé


Albéric Magnard
Sonate opus 13

4.Large
5.Calme
6.Très vif
7.Large – Animé

Production, Prise du son :
Jean-Marc Laisné
Enregistré à Charrat Muses, Suisse
15-16-17-18 décembre 2006.
Livret : Nicolas Southon
AR RE-SE 2006-0

Résumé

D’un seul archet, les deux élégies

En guise de Prologue : août 1889, Bayreuth…

…sur la « colline verte » où trône le Festpielhaus, achevé voilà quinze ans d’après les volontés de Richard Wagner, deux compositeurs font connaissance. Comme tant d’autres en cette Europe frappée d’une violente fièvre wagnérienne, ils ont sacrifié au pèlerinage bayreuthien pour assister aux représentations de Parsifal, Tristan und Isolde, et Die Meistersinger von Nürnberg. Un ami commun fait les présentations : Théodore de Wyzewa, l’un des beaux esprits de Paris, écrivain, fondateur de la célèbre Revue wagnérienne. Les deux jeunes gens s’appellent Guillaume Lekeu et Albéric Magnard, ils ont dix-neuf et vingt-quatre ans. Et l’avis que porte le premier sur le second ne manque pas de franchise : « J’ai été présenté à l’unique élève de Vincent d’Indy, Magnard. Il ne m’a pas produit bonne impression. Je n’y ai vu ni un musicien ni un artiste, du moins dans tout ce que je lui ai entendu dire, et c’est, il semble, avant tout un esprit très fin, très parisien et boulevardier, qualité prodigieuse peut-être mais qui ne sert de rien à qui veut s’occuper de choses sérieuses. D’ailleurs je crois que je lui ai fait triste impression. Je crois que je suis peu sociable, c’est dégoûtant. »

Loin d’être fortuite, cette rencontre à Bayreuth est significative des débats qui agitent alors les milieux musicaux. Une question, une seule, les résume : pour ou contre Wagner ? Massenet fait le voyage pour s’assurer qu’il a bien raison de ne pas céder aux sortilèges du « vieux Klingsor », d’Indy au contraire vient communier à la grandeur du drame lyrique – et tous deux, ainsi que le raconte Magnard, se font d’hypocrites courbettes entre deux sarcasmes. Ainsi vont les petites affaires de la vie musicale parisienne vue de Bayreuth. Lekeu et Magnard, quant à eux, s’abîment dans l’œuvre de Wagner, dont ils feront une part capitale de leur héritage. On ne sait quasiment rien des rapports qu’ils entretiendront après leur première entrevue, et cela importe peu : l’essentiel est de les voir déjà prendre position dans les milieux artistiques. Parmi les mille routes qui s’offraient à eux, leurs chemins ne seront pas sans points communs…

La presse en parle

classic

« (…) pour rester dans l’originalité et avec Dana Ciocarlie, je ne puis que vous recommander le magnifique enregistrement (AR RE-SE 2006-0) qu’elle vient de réaliser avec sa compatriote la violoniste Irina Muresanu. La Sonate pour violon et piano de Lekeu associée à celle, méconnue mais non moins belle, d’Albéric Magnard (1865-1914) : voila qui change du sempiternel couplage Franck-Lekeu ! Un CD à découvrir d’urgence. »

concertclassic.com, 6 avril 2006, Alain Cochard

classica
rec1

rec2
« L’association des sonates de Lekeu et Magnard va de soi puisqu’il s’agit là des deux grands chefs-d’oeuvre de la musique de chambre post-franckiste, d’un romantisme tardif quelque peu survolté. Les deux œuvres n’ont pas connu le même succès, celle de Lekeu s’étant bien imposée au répertoire, celle de Magnard, plus difficile, restant longtemps d’une diffusion confidentielle. Pour autant, aucune des deux n’a beaucoup attiré les ténors du violon (si l’on peut dire). Menuhin et sa sœur enregistrèrent Lekeu dès l’ère du 78 tours (Biddulph). Grumiaux en laissa une émouvante version dès ses débuts chez Philips. Plus tard Ferras et Barbizet se sont imposés comme une référence (DG), malgré les qualités de Poulet et Lee (Arion). Les quelques autres enregistrements sont moins connus et d’ailleurs pas toujours sans intérêt.
Pour Magnard, le tour de la question est plus rapide. La sonate fut révélée par le duo Zimansky-Keller (Accord) avant que Dumay et J.-P. Collard (EMI) puis Pasquier et Sermet (Naive) ne complètent une discographie rare mais riche. Irina Muresanu et Dana Ciocarlie sont toutes deux d’origine roumaine. Si la pianiste est bien connue en France, ce n’est pas le cas de la violoniste qui effectue une belle carrière internationale et enseigne à Boston. Irina Muresanu est une extraordinaire interprète, au son puissant, charnu, extrêmement lyrique mais en même temps très contrôlé. Surtout, elle sait, en parfaite collaboration avec sa partenaire, gérer les longueurs discours — en particulier chez Magnard. Ce qui pourrait être prolixe devient épique, narratif, sans cesse intelligemment pensé et mis en récit (je pense aux deuxième et quatrième mouvements de Magnard). Le principal souci des compositeurs « franckistes » était la construction. Eh bien, ces dames savent bâtir solidement une sonate-cathédrale, mais avec des raffinements sonores extraordinaires. Que l’on écoute le développement du Très lent de Lekeu (plage 2, 5’15 »), on y entendra des sonorités lunaires inouïes.
Ces enregistrements sont donc de vraies merveilles. Personnellement, je préfère chez Lekeu le style de Ferras, qui conjugue légèreté et puissance (l’école franco-belge !). Pour Magnard, en revanche, malgré Dumay, on est ici au plus haut niveau. »

Classica-Répertoire, Mai 2006, Jacques Bonnaure

amg

« La violoniste roumaine Irina Muresanu, qui réside à Boston, et sa compatriote établie en France Dana Ciocarlie sont à l’affiche du disque « Lekeu/Magnard : Sonates pour violon » publié par Ar Ré-Sé. Ces deux sonates, qui vont bien ensemble, n’ont pourtant jamais été réunies sur un seul CD, bien que l’une ou l’autre soit souvent utilisée en complément de la célèbre Sonate en la mineur de Franck.
Lekeu et Magnard sont tous deux des disciples de Vincent d’Indy, les deux sonates furent créées par le violoniste belge Eugène Ysaÿe et elles comptent toutes deux parmi les plus belles pages du langage français post-romantique.
Irina Muresanu y est superbe, déployant un son riche, doux et généreux qui n’a rien à envier au style d’interprétation d’Ysaÿe, et faisant un usage judicieux de portamenti proscrits qui s’adaptent bien à la période et au langage de ce morceau. Dana Ciocarlie montre un grand investissement émotionnel dans la partie pour piano, qui bien que parfois un peu forte ne submerge jamais Muresanu. L’intensité du jeu de Ciocarlie se révèle pleinement payante dans le Magnard qui est plein de brusques changements d’humeur et de contrastes violents. Aucune de ces sonates n’est fréquemment jouée, et leur association ici est très heureuse (…).
Ce disque sera d’un grand intérêt pour les auditeurs (de plus en plus nombreux) qui sont intéressés par la musique française du romantisme tardif. »

All Music Guide, Avril 2007, David N. Lewis

fanfare

« Œuvre à l’attrait immédiat et aux couleurs vif-argent, la Sonate pour violon de Guillaume Lekeu se situe aux confins du répertoire discographique, où se sont aventurés quelques interprètes de renom (sans compter les inévitables hordes de médiocres), à commencer par le jeune Menuhin en 1938, suivi de Lola Bobesco, d’Arthur Grumiaux, puis du duo explosif formé par Augustin Dumay et Jean-Philippe Collard. Quant à la Sonate d’Albéric Magnard, cet enregistrement n’est sauf erreur que le cinquième jamais réalisé et le seul aujourd’hui disponible. Découverte sur le tard, cette œuvre demeure méconnue. Cet oubli est dû tout autant à la mort du compositeur au début de la Grande guerre qu’au caractère particulièrement mélancolique de sa musique. Après la fin des massacres, l’ère du jazz battait son plein, suivie de près par les écoles rivales du néo-classicisme de Stravinsky et de l’atonalité de Schoenberg qui ont régné sans partage sur le camp de l’avant-garde. Dans un tel contexte, l’héritage de Franck, transmis à Magnard par son professeur d’Indy, et le culte pour Beethoven qui éclate au grand jour dans ses œuvres les plus ambitieuses étaient franchement vieux jeu. Il faudra soixante-dix ans, soit deux générations entières, à la musique de Magnard pour acquérir l’aura d’un vieux trésor oublié. C’est que cette Sonate pour violon n’est pas une œuvre facile d’accès. Truffée de passages faussement improvisés, la réexposition du premier mouvement, pour ne citer qu’elle, est tout à la fois sculptée et tremblante et déploie un lyrisme aussi aristocratiquement détaché que délicieusement généreux. Le tout est abrupt et déconcertant, comme le personnage lui-même. Pour le connaisseur, cela donne une œuvre pleine de substance et fascinante, qui selon le critère appliqué par Wallace Stevens à la poésie, offre une résistance presque entière à l’intellect. Irina Muresanu et Dana Ciocarlie sont à l’aise dans ce répertoire, la violoniste élevant son chant avec assurance tandis que la pianiste brosse d’un gant de velours et avec une dextérité consommée l’écriture pianistique symphonique de Magnard… La Sonate de Lekeu est interprétée avec une verve bouillonnante pour les mouvements entourant la Berceuse, celle-ci étant rendue de manière captivante, avec une poésie mêlée d’un faible élan. En bref, une interprétation qui n’a rien à envier à ses devancières…
Le livret de Nicolas Southon s’inspire de la biographie de Simon-Pierre Perret, Albéric Magnard, publiée par Fayard en 2001, pour relater la première rencontre des deux compositeurs au festival de Bayreuth en 1899 : entre l’exubérant Lekeu, dernier disciple de Franck, qui vivait à fleur de peau, et le boulevardier parisien endurci qu’était Magnard, ce ne fut pas exactement le coup de foudre… La prise de son est précise, équilibrée, et efficace dès les premières mesures. Un enregistrement de valeur qui ne manque pas de vivacité, et que je recommande avec enthousiasme. »

Fanfare Magazine, Mai 2007, Adrian Corleonis

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